DÉFAUTS
GENERAUX
DES VOLAILLES D’EXPOSITION
Texte de J.C. MARTIN
Tout animal présenté en exposition est potentiellement un Prix d’Honneur. Tout d’abord dans esprit de son éleveur qui doit donc exposer e~ agir en conséquence, ensuite dans l’esprit du juge dont le rôle normal est de rechercher les meilleurs animaux et non pas, contrairement à ce que certains pensent, de vouloir avant tout trouver des défauts; mais s’il en trouve.., c’est qu’il en existe, et parfois beaucoup trop.
Mais qu’est ce qu’un PH., ce terme qui cristallise les espérances des éleveurs? C’est la récompense méritée par un très beau sujet. Cette récompense reste cependant de valeur relative le PH. n’est que le meilleur des premiers prix dans une race et même le Grand Prix d’Honneur n’est que e meilleur des P.H. dans une catégorie. Un G.PH. dans une exposition peut n’obtenir qu’un 1° prix dans une autre où la concurrence sera différente, voire même un 2° prix s’il n’est plus au mieux de sa forme.
J’ai parlé du rôle de l’éleveur. Comme les animaux habitent chez lui, voyons tout d’abord les défauts qui devraient interdire à tout animal de se rendre à une exposition. Ils sont du domaine de la santé, de l’anatomie et de la présentation.
La santé. Je regrette d’avoir à dire que l’on rencontre encore trop souvent des animaux en mauvaise santé ou parasités dans les cages d’exposition et ce malgré la clause qui prévoit, dans presque tous les règlements que ces animaux seront expulsés.
La gale aux pattes est la maladie, pardon le parasitisme le plus courant. Si le juge peut la constater, l’éleveur aussi.
Les poux sont parfois plus discrets mais se signalent infailliblement par les démangeaisons qu’ils provoquent en se promenant sur les mains du juge.
Le Coryza se rencontre parfois; depuis l’œil simplement larmoyant jusqu’aux narines complètement obstruées. Certes les cas bénins peuvent parfois avoir été provoqués par des conditions de transport défectueuses ou trop longues, voire par une mauvaise localisation
dans l’exposition. Sous ce nom de coryza l'on regroupe d'ailleurs un ensemble d'affections respiratoires qui n’ont rien à voir avec le rhume des hommes mais sont souvent très contagieuses.
Plus rarement l’on trouve des signes de maladie grave :sujets extrêmement maigres ou très anémiés, abdomens distendus, cloaques souillés par des excréments nauséabonds, agglomérés ou liquides, etc...
Pour tous les cas cités ci-dessus le juge doit non seulement éliminer mais faire appel à un commissaire qui éloignera l’animal pour éviter toute contagion.
Enfin il est des signes de faiblesse ou de maladie latente qui sont moins évidents mais ne peuvent échapper à un oeil averti une crête flasque, trop pale ou noirâtre, un plumage terne ou hérissé, une face ou des oreillons plus ou moins décolorés attestent une faiblesse générale. Le juge n’est pas vétérinaire et n’a pas à déterminer s’il s’agit d’un parasitisme ou d’une maladie (vers, coccidiose); simplement il évitera de donner une haute récompense à un animal qui manifestement n’est pas en forme.
Défauts anatomiques. Un bréchet tordu ou plié, un doigt crochu, un bec de travers, une queue déviée, une aile fendue, des ongles absents, un dos bossu (dos de carpe), tout cela
saute aux yeux et est éliminatoire. Que l’origine en soit héréditaire ou accidentelle ne change rien à la réalité du fait constatable.
La présentation. Quelle que soit sa qualité, une volaille sale n’est pas mise en valeur. Nous reviendrons plus loin, en parlant du plumage sur les nécessités et inconvénients d’un bon lavage; mais un minimum de propreté est toujours nécessaire.
Je sais bien qu’il n’est pas toujours facile de trouver le temps d’une préparation lointaine ou rapprochée en vue d’une exposition. J’avouerai même que lorsque j’étais commissaire ou organisateur d’exposition et que je commettais l’imprudence d’exposer en même temps, mes volailles étaient souvent bien mal présentées car j’avais du, la veille du jugement, courir les chercher, souvent en pleine nuit et aux dépens des rares heures de sommeil dont on peut jouir ces jours là. Le juge peut donc comprendre que certaines négligences sont involontaires mais il doit quand même favoriser les éleveurs qui se sont donné la peine de bien présenter leurs animaux.
Des animaux malades, déformés ou sales n’ont pas leur place dans une exposition; ils ne peuvent qu’amener le discrédit sur leur propriétaire qui a tout intérêt à ne pas les exposer.
Pardonnez moi d’avoir commencé par ce qui, après
tout, est hors du sujet puisque “non exposable” et parlons maintenant des
principaux défauts rencontrés en exposition, que vous me permettrez quand même
de n’évoquer que par rapport aux qualités qui devraient être à leur place,
Pour cela je crois que le plus simple est de se placer dans le rôle du juge devant les cages d’exposition. Si l’exposition est de bonne tenue les volailles sont arrivées la veille et ont bu et mangé, il doit y avoir peu de monde afin de respecter le calme des volailles pour qu’elles se présentent normalement. Rien ne doit les effrayer, le juge y veille; son secrétaire, s’il en a un, et même les élèves-juges ne le précédent pas car le premier coup d’œil sur une volaille encore calme est essentiel.
Dans ce domaine il est même souhaitable que les fiches de jugement soient remises au juge en liasse et non pas préalablement accrochées sur les cages; le seul fait de décrocher cette fiche (ce n’est pas toujours facile) suffisant parfois à effrayer l’animal.
Le type. Ce que l’on doit voir, saisir et apprécier, avant toute émotion pour l’animal, avant toute manipulation, c’est son type.
Le type, mais qu’est ce que c’est ? Sur la fiche de jugement on
pourra lire excellent ou très bon type, bon type, assez bon type, ou, plus
grave, manque de type. Il est facile de comprendre que le type d’une Orpington
est fondamentalement différent de celui d’une Leghorn. Mais entre une
Welsumer et une Barnevelder, pire entre une Noire de Challans et une Australorp,
les différences seront moins importantes. Et à l’intérieur d’une même
race, d’un sujet à l’autre, les différences n’apparaissent pas du tout
au profane.
Il existe deux groupes fondamentaux de types Européen et Asiatique
Les volailles de pure origine européenne sont souvent légères, à ossature fine, forme allongée, plumage collé au corps, crête simple, oreillons clairs, crâne dolichocéphale (allongé), bec long et fin, yeux à fleur de tête. Elles pondent des oeufs blancs.
Les volailles de pure origine asiatique sont plus massives, leurs os plus forts, leur forme plus courte, plumage gonflant, crête multiple, oreillons rouges, crâne brachycéphale (large et court), bec fort et court, yeux enfoncés sous une arcade sourcilière bien marquée. Elles pondent des oeufs plus ou moins teintés.
Mais si l’on excepte des races typiques comme la Gauloise d’une part et la Brahma d’autre part, il existe ou a existé une infinité de mélanges et croisements qui font que peu de races sont maintenant purement asiatiques ou européennes. Ainsi la Sussex, la Wyandotte, la Rhode, la Marans, l’Australorp, l'Orpington, etc...sont des races de synthèse où les caractères sont mixés avec prédominance d’un type ou de l’autre.
Une parenthèse en faveur de notre Combattant du Nord dont l’ancienneté de la race (au moins 2000 ans) exclut tout apport de sang asiatique un sujet pur doit donc bien avoir les yeux à fleur de tête sans trace d’arcade sourcilière, contrairement aux combattants belges qui ont été retrempés avec des asiatiques.
Le type est en fait le résultat de la composition d’une multitude de données la forme générale qui peut être arrondie, cubique, allongée; la hauteur totale par rapport à la longueur; la hauteur des pattes par rapport à la profondeur du corps; le développement plus ou moins important soit de l’avant avec la poitrine, soit de l’arrière avec l’abdomen; la forme de la queue et la façon de la porter; la tenue horizontale ou relevée; la ligne du dos plus ou moins longue et plate ou concave; la largeur aux épaules; les formes douces ou heurtées; le port de tête sur un cou plus ou moins tendu ou courbé; la tenue des ailes plus ou moins serrées au corps; les épaules hautes ou basses ou même saillantes... C’est la composition de toutes ces données qui va donner le type qui diffère d’une race à une autre pour l’idéal ainsi que d’une souche à une autre, voire d’un sujet à l’autre d’une même couvée pour la réalité.
Prenons un exemple concernant l’attitude de l’animal la poule repose sur deux pattes que l’on situe au milieu du corps pour assurer la stabilité. Pourtant elles ne sont pas implantées ainsi, mais, comme chez tous les vertébrés, au niveau du bassin, c’est à dire au même endroit que les pattes de derrière des quadrupèdes. Du bassin, le fémur de la poule part franchement vers l’avant et un peu vers le bas, plus ou moins suivant les races, Le tibia part vers l’arrière et vers le bas, le métatarse, souvent nommé tarse, vers le bas presque verticalement pour s’ouvrir sur les doigts. D’une race à l’autre, d’un sujet à l'autre, les angles formés par ces os vont varier, faisant changer le type, ce qui n’est perceptible que sI l’animal est en position calme et statique. C’est pourquoi j’ai insisté sur la nécessité de procéder au jugement dans de borines conditions de calme pour les animaux.
Chez la Wyandotte, comme chez beaucoup de races plutôt lourdes, le fémur (la cuisse) est très peu incliné vers le bas; le tibia (le pilon) est donc plus vertical mais cependant ne se dégage presque pas de la masse du corps, les métatarses écailleux étant seuls visibles sous le plumage. Un coq Wyandotte qui tient ses fémurs trop inclinés vers le bas, dégage les tibias de la masse du corps; il va paraître haut sur pattes même Si celles ci Sont exactement de la longueur standard; on dit qu’il est “trop enlevé" c'est une faute de type.
Le combattant Indien est le Seul combattant à tenue presque horizontale. Il porte ses fémurs horizontaux; l’articulation entre le fémur et le tibia se trouve donc à l’endroit ou le corps est le plus large; le reste des pattes rejoint le sol à partir de cette largeur ce qui explique le grand écartement des aplombs de cette race. S’il se redresse trop, les fémurs descendent et sont moins écartés par les masses de chair. Le seul fait de se tenir trop redressé va donc entraîner plusieurs défauts sujet trop redressé, trop haut, aplombs pas assez écartés : manque de type.
Chez la poule, toutes les formes du corps sont masquées par le plumage. Pour les races aux plumes peu fournies et collées au corps, le plumage masque peu les formes. Par contre, chez d’autres dont le plumage est abondant et gonflant, il va largement contribuer à l’expression du type, ce qui est normal car dans une même race le plumage est toujours, ou devrait toujours être, de même qualité et implanté de même façon. Chez ces races une mue, même partielle, ou l’arrachage accidentel de touffes de plumes est catastrophique pour le type; c’est le cas pour l’Orpington, la Brahma, la Sussex et bien d’autres sans parler des cas extrêmes comme la Bantam de Pékin ou la Négre-soie.
Même à l’intérieur d’une seule race il peut y avoir des différences de structure du plumage d'une variété à une autre entraînant de légères différences de type. C’est e cas entre l’Orpington fauve et lOrpington noire; chez cette dernière le plumage est légèrement plus long et moins dense donnant des formes que l’on pourrait penser moins parfaites. Il en est de même entre les Wyandottes blanche et noire d une part et les Wyandottes de couleur d’autre part. Enfin il faut savoir que le gène responsable du coloris gris-perle a une action non seulement sur le coloris mais aussi sur la structure de la plume qui est plus souple et plus fragile; ce gène intervient dans les coloris gris-perle et porcelaine.
La cage. Pour bien apprécier le type, il faut que celui-ci puisse s’exprimer. J’ai déjà évoqué le calme nécessaire, parlons maintenant du logement.
Tout animal exposé doit pouvoir se mouvoir sans toucher les parois de la cage dix centimètres au moins sont nécessaires devant sa tête et derrière sa queue lorsqu’il se trouve au centre. Dans une cage trop courte, tout sujet redresse la queue, donnant une allure anormale à ce panache. La cage doit avoir également une hauteur suffisante pour que le sujet prenne son inclinaison naturelle. Comment voulez vous qu’un combattant Malais dont la tête heurte le toit exprime son type? La porte doit également être assez importante pour que l’on puisse saisir, sortir et rentrer l’animai en une seule fois et non par morceaux. Quant aux parquets ils doivent avoir une cage appropriée pour se mouvoir sans être sans cesse collés ensemble; les répartir en plusieurs cages nuit à l’appréciation de la beauté et de l’homogénéité de l’ensemble tant pour le juge que pour le public.
Vous voyez donc que le “type” est une chose tout à fait complexe. Or il constitue l’essentiel de la qualité d’un sujet; tout le reste n’est que détails.., encore faut-il que ces détails soient bons.
La tête. C’est dans la tête que se remarquent le mieux les apports européens ou asiatiques dans les races de synthèse. Les races fondamentalement européennes ont toutes une tête fine et allongée, prolongée par un bec assez fin et long Gauloise, Leghorn, Pictave, Ardennaise, Gasconne, etc... Les races plutôt asiatiques ont une tête courte et large, un bec court, fort et bien incurvée et des yeux enfoncés sous une arcade sourcilière saillante.
Dans les races de synthèse les variations sont multiples Ainsi, parmi les volailles à plumage herminé (lequel atteste un apport asiatique plus ou moins lointain), la Bourbonnaise reste typiquement européenne avec une tête fine et une ossature légère alors que la Bourbourg et la Sussex ont la tête large des asiatiques. L’on rencontre de plus en plus en exposition des Sussex à tête trop fine attestant une dérive de la race; un tel défaut est, à mon avis, beaucoup plus grave que les subtilités que l’on ira chercher dans les dessins du camail.
La Géline de Touraine qui date du début de ce siècle et est issue du croisement de Bresse noire et de Langshan a conservé la tête fine de la Bresse mais son bec est plus fort et mieux courbé que chez les races européennes. La Wyandotte conserve un fort pourcentage de sang asiatique, sa tête est courte et large avec un bec fort et bref comme on le constate surtout chez la variété barrée, mais dans les variétés aux coloris complexes, la forme de la tête s’éloigne souvent du type idéal.
La crête. On divise les crêtes en “simples” et “frisées”, plus quelques cas particuliers en pois, triple, double, en mûre, etc... Les crêtes simples sont des lames dressées sur la tête, les autres des masses posées sur le crâne.
Malgré cette division en familles, il faut dire qu’il existe presque une crête par race ou, plus précisément, que le type de la crête est étroitement lié au type de la race. A titre d’exemple, on ne confondra jamais une crête de Leghorn avec une crête de Gaulois ou d’Orpington ou de Nagasaki ni une crête de Wyandotte avec une crête de Hambourg.
Chaque poussin a deux parents. Si l’on porte généralement une grande attention a la crête des coqs, on ne regarde pas souvent celle des poules parce qu’elle est petite. Or l’hérédité des caractères de la crête n’est pas liée au sexe; coq et poule en sont tous deux responsables et un défaut grave dans la crête d’une poule se retrouvera chez ses fils et filles.
Les yeux. Il existe trois couleurs possibles pour les yeux l’œil “de coq” rouge, l’œil “de vesce” noir et l’œil clair, jaune. Au hasard des croisements voulus ou fortuits, toutes les teintes intermédiaires ont été créées.
Normalement chaque race possède une couleur d’œil bien définie mais il existe des exceptions nombreuses où la couleur de l’œil change avec celle du plumage. Génétiquement une certitude la couleur dorée est liée à l’œil rouge; ainsi la Gauloise dorée possède un oeil rouge alors que toutes les autres variétés de Gauloise ou de Bresse ont l’œil foncé.
Il est des tolérances nécessitées par l’hérédité des couleurs. Ainsi la Bantam de Pékin possède un oeil rouge mais pour la variété noire l’œil peut varier du jaune au brun comme le prévoit le standard. Logiquement, toutes les variétés dérivées du noir doivent bénéficier de la même tolérance; le standard a bien prévu la bleue et la birchen mais a oublié la gris-perle et la cailloutée.
Sauf dérive trop importante du coloris, je considère qu’il ne faut pas se montrer trop sévère et qu’un oeil rouge peut varier de l’orangé au brun-rouge sans que cela soit catastrophique; il s’agit en fait de la quantité de mélanine fixée dans la rétine qui peut varier d’un sujet à l’autre. Par contre il faut se montrer intransigeant sur les coloris extrêmes les combattants asiatiques ont obligatoirement l’œil très clair et la Négre-soie l’œil si foncé que l’iris ne doit pas s’y distinguer, c’est bien normal pour une volaille dont la peau est si riche en mélanine.
Enfin l’œil verdâtre comme les yeux vairons ne sont pas admissibles.
La forme de l’œil. Il doit être bien ouvert, rond ou oblong suivant la race. Si les races européennes ont en général l’œil bien rond et à fleur de tête, les asiatiques l’ont plus allongé et enfoncé. Chez la Brahma, par exemple, l’œil est oblong et l’on peut voir la muqueuse en avant de l’iris; cet oeil doit rester bien ouvert et les paupières ne pas masquer partiellement l’iris.
Les
barbillons, Ils sont plus ou moins longs, ronds ou grands selon la race. Un
Nagasaki avec des barbillons courts et arrondis ou un Hollandais avec des
barbillons longs et pendants sont des anomalies. Chez les races barbues, sauf
crevecoeur, les barbillons sont inexistants leur présence, même petits, entraîne
nécessairement une diminution de la barbe.
Les oreillons. Ils attestent bien souvent de la santé de l’animal et l’on doit regarder leur forme et leur couleur et l’intensité de celle-ci. Leur forme est définie par le standard ronds, allongés, en amande, en cœur, etc... ainsi que leur couleur rouges ou blancs. Dans les races à forte pigmentation jaune et à oreillons blancs, ceux-ci sent parfois soufrés; C'est un défaut. Bien entendu les traces de blanc dans les oreillons rouges et de rouge dans les oreillons blancs sont toujours défectueuses sauf rare exception,
L’oreillon est un repli de peau relativement fragile que les coups de bec abîment facilement. Dans certaines races les coqs à exposer doivent être soigneusement isolés de leurs semblables.
Les cas particuliers:
Chez la Gournay, l'oreillon mélangé de rouge et de blanc est admis par le standard.
Chez la Sebright, I’oreillon sablé de blanc est admis par le nouveau standard européen. C’est une tolérance scandaleuse qui fait rire les britanniques créateurs de cette race.
Chez la Java, l’oreillon est non seulement blanc mais comme émaillé. Il doit être aussi grand que possible, mais attention, plus il est grand, plus il est fragile et risque d’être plissé ou abîmé, défauts que l’on ne pourra admettre, il faut donc rester dans une juste mesure.
La Négre-soie est la seule race à posséder un oreillon bleu-turquoise quelle que soit la couleur de son plumage. Les sujets à oreillons blancs comme ceux à oreillons couleur de peau (donc plus ou moins noirâtres) sont à éliminer. Une tolérance cependant les coqs, à partir de dix-huit mois ont les oreillons qui blanchissent; on ne peut le leur reprocher.
Les joues. Elles sont plus ou moins dénudées selon les races. Souvent, chez les coqs âgés, une affection bénigne, dermatomycose, entraîne l’apparition de tâches blanchâtres. On ne peut guère y remédier et le juge doit sanctionner... inutile de couvrir ces taches de rouge à lèvres, le juge s’en aperçoit.
Les pattes. En parlant du type nous avons évoqué leur longueur, liée à la race; l'appréciation de cette longueur est souvent gênée par la façon dont l’animal se tient. Quelle que soit la tenue, il est des variations de longueur dans l’absolu. Chez certaines races on reconnaît les familles apparentées à la longueur de leurs pattes.
Pour la plupart des race. il faut rester dans une juste moyenne et éliminer les sujets trop hauts ou trop bas. Par contre. d’autres races doivent avoir des patte particulièrement courtes ou longues; dans ce cas les plus courtes ou les plus longues sont les meilleures. Parmi eux les Combattants Malais et Anglais moderne pour les pattes longues et à l’autre bout, les Combattant indien, Bantams de Pékin et surtout Nagasaki. Dans ce dernier cas, c’est un caractère génétique létal, hétérozygote, donc instable; il naît des Nagasakis à pattes normales qui doivent être éliminées dès l’éclosion.
La condition des pattes atteste souvent de la tenue de l’élevage. Les laver et huiler légèrement avant l’exposition les mettra en valeur.
Les ongles qui terminent les doigts sont d’une couleur en rapport avec celle des pattes. Le standard prévoit parfois cette couleur. Sinon éviter les incohérences comme des ongles blancs sur une patte noire ou bleue. Les ongles poussent en se recourbant vers le bas et s’usent lorsque la volaille marche ou gratte. Si vos volailles vivent sur un sol meuble, les ongles ne s’y usent pas ou peu. Il faut les tailler pour éviter aux doigts de se poser de travers sur le sol faisant penser à un doigt tordu.
Certaines races ont cinq doigts. C’est un caractère génétique dominant incomplet. Il en résulte une grande diversité de position des pouces même dans la descendance d’un couple de qualité. La sélection en ce domaine ne doit jamais se relâcher. Quelle que soit la race pentadactyle, l’idéal est d’avoir les deux pouces implantés séparément sur le tarse, à quelques millimètres l’un de l’autre, l’inférieur, plus petit, légèrement incliné vers le bas, le supérieur, plus grand, vers le haut. Des pouces séparés seulement sur une partie de leur longueur sont dits “en patte de homard’. Autre défaut possible l’amorce d’un troisième pouce implanté sur l’un des autres ou la présence de plusieurs ongles.
Le plumage. C’est la plume qui fait l’oiseau; pour bien des races nous avons vu qu’elle contribuait largement à l’expression du type.
La plume peut être courte, longue, rigide ou souple, duveteuse ou non. Généralement implantée d’avant en arrière, elle peut cependant être presque perpendiculaire à la peau (Cochin, Bantam de Pékin, Orpington).
C’est en fin d’automne, après la mue, que le plumage est le plus beau tant en structure qu’en éclat. Au mois de Juin, beaucoup de plumes sont ternies, cassées ou arrachées, surtout si les animaux ont été en reproduction. le juge, même indulgent, ne peut estimer ni la couleur, ni la qualité des plumes absentes; il est là pour donner son avis sur ce qu’il voit et non sur ce qu’il suppose.
Dans la plupart des variétés la plume se doit d’être colorée jusqu’à sa base, duvet compris, et en général de la même couleur que l’extrémité. C’est le cas des plumes blanches, fauves, rouges, barrées et noires malgré quelques exceptions (par exemple, les coqs Wyandottes noirs peuvent avoir la sous couleur plus claire pourvu qu’elle reste invisible).
Dans d’autres cas la sous-couleur diffère de celle du corps de la plume. Le cas le plus connu est celui de la Welsumer dont la sous couleur est grise alors que rien n’est gris dans la parure visible.
La sous-couleur est déterminante dans la transmission d’un bon coloris à la descendance. Les éleveurs de Sussex herminée savent bien qu’il ne naît rien de bon des reproducteurs à sous-couleur grise.
Le développement important des plumes de certaines parties du corps nécessite des soins O particuliers il s’agit des huppes, barbes et plumes aux pattes.
La huppe est particulièrement fragile et nécessite des abreuvoirs adaptés. il faut éviter toute humidité aux volailles. C’est en outre un remarquable repaire pour les poux. Plus la huppe est importante plus l’animal a de valeur; cette huppe doit être bien sphérique, sans creux ni fente et équilibrée sur le crâne. Chez la Hollandaise le toilettage par arrachage ou section du “papillon” (touffe de plumes noires à l’avant de la huppe blanche) est parfaitement licite et n’empêche nullement le juge de constater si ce papillon était trop important. Les bons éleveurs savent qu’il doit être toiletté en permanence, pas seulement pour les expositions, pour permettre aux plumes blanches de revenir en avant.
La barbe doit être aussi développée que possible ce qui exclut la présence de barbillons. Les volailles se la “piquent” souvent entre elles sans paraître en ressentir le moindre désagrément, au contraire; c’est souvent du à la présence de poux ou de leurs oeufs... le résultat n’est pas beau à voir et une barbue sans barbe ne peut qu’être déclassée.
Les plumes aux pattes nécessitent d’élever les animaux sur un sol doux, meuble et propre, donc à couvert; sinon ces plumes sont sales et cassées. Une litière de copeaux ou de paille hachée est nécessaire, Nul éleveur de pigeons ne présenterait un Tambour ou un Boulant gantois avec les plumes des pattes sales ou cassées. Les éleveurs de poules peuvent en faire autant bien que ce soit moins facile car les pigeons ne grattent pas le sol.
Le lavage des poules avant l’exposition est souvent nécessaire, parfois obligatoire. Le lavage a deux actions il nettoie et il fait gonfler le plumage.
Presque toutes les volailles blanches ou claires seront lavées à moins qu’elles ne soient installées dans d’excellentes conditions. Pour celles au plumage collé au corps, il faut éliminer l’action gonflante du lavage procéder au lavage plusieurs jours à l’avance et sécher les animaux dans le sens des plumes.
Toutes les volailles à plumage bouffant seront lavées, quelle que soit leur couleur. Le lavage a lieu 36 heures avant l’exposition et l’on sèche “à rebrousse plume” avec un séchoir à cheveux.
Les plumages doré et noir perdent leur éclat au lavage. Ils le retrouvent très vite avec un lustrage au chiffon de soie naturelle. Ce procédé est d’ailleurs valable pour toute volaille, lavée ou non.
La Négre-soie, quelle que soit sa couleur, doit être lavée, c’est la seule façon de démêler et mettre en valeur le duvet qui constitue ses plumes.
Quelques cas
particuliers
la Sebright Les coqs ont un plumaqe de poule, sans faucille ni lancette. En outre beaux sujets, coqs et poules, les plumes de couverture du corps ne sont pas en forme d’amande mais de pelle.
Le Phenix onagadori. Les lancettes et les faucilles ne muent jamais et continuent de pousser en permanence. Il faut éviter de les casser.
Le Phenix shokoku, beaucoup plus fréquent, mue chaque année, mais entre deux mues elles peuvent atteindre jusqu’à un bon mètre; que ces faucilles soient cassées ou non (ce qui est fréquent) la qualité du sujet peut se voir à la longueur de ses lancettes qui doivent traîner jusqu’au sol.
La Java. Elle a les plumes particulièrement larges. Les faucilles des coqs ne vont pas en s’amincissant mais restent larges jusqu’à leur extrémité qui est arrondie et non pointue; ce caractère est souvent perdu chez les javas de coloris fantaisistes.
Chez les Faverolles, Barbus d'Uccle et d'Anvers, Orloff, certaine plume~ du camail sont implantées d’avant en arrière et non de haut en bas; cela fait gonfler le camail et forme crinière”, chez le coq comme chez la poule.
L’aile fendue est souvent simplement considérée comme un manque de rémiges. C’est en fait un défaut anatomique complexe qui met en jeu l’articulation du bras, l’implantation et la qualité des plumes. On constate un espace vide entre les rémiges primaires et secondaires quand l’aile est déployée, dans les cas graves, les rémiges primaires viennent même se placer par dessus les secondaires quand l’aile est repliée. C’est un signe de dégénérescence toujours éliminatoire.
Les Variétés.
Une variété est fixée quand le coloris du plumage se reproduit fidèlement dans la descendance. C’est vrai pour tous les coloris sauf la seule couleur hétérozygote admise le bleu. Se reproduit fidèlement c’est la théorie. Il y a toujours un peu de déviationnisme et là, comme pour tous les autres caractères, il faut sélectionner et rester au plus près de l’idéal.
Les croisements entre variétés sont aussi dangereux que les croisements entre races. On ne doit les tenter que si l’on possède une très bonne connaissance de la génétique et n’utiliser que des variétés compatibles entre elles, sinon l’on n’obtient que des résultats aléatoires, parfois jolis mais impossibles à conserver plus d’une génération.
Il est aussi quelques pièges qu’il faut connaître :
Un coq de variété dorée possède un manteau rouge-doré, une poitrine noire, des épaules rouges, un brassard noir et un triangle brun à l’extrémité de l’aile fermée.
Un coq de variété perdrix possède un manteau rouge-doré, une poitrine noire, des épaules rouges, un brassard noir et un triangle brun à l’extrémité de l’aile fermée.
Un coq de variété froment possède un manteau rouge-doré, une poitrine noire, des épaules rouges, un brassard noir et un triangle brun à l’extrémité de l’aile fermée.
Ils sont identiques. S’ils sont de la même race, impossible de les différencier. Pourtant les trois variétés sont aussi différentes entre elles que le blanc et le noir. D’ailleurs leurs poules sont différentes
Une poule perdrix est brune saupoudrée de noir avec la poitrine saumonée.
Une poule perdrix est brune saupoudrée de noir (plus que la dorée) avec la poitrine de même couleur que le dos.
Une poule froment est de couleur froment avec ventre crème.
Mais hélas un coq doré ou perdrix croisé avec une poule froment donne des résultats désastreux.
Or, devant les cages, le juge trouve parfois des sujets dont la variété le laisse perplexe. A lui de se débrouiller pour savoir s’il s’agit simplement d’une variété normale qui est mal exprimée ou bien le résultat d’un croisement hasardeux, beaucoup plus grave.
Même les variétés réputées stables ont tendance à évoluer. Prenez la Nagasaki blanche à queue noire, c’est un coloris dérivé de l’herminé; chaque année il faut, dans son élevage et à fortiori en exposition, éliminer les sujets au camail marqué de noir. Et la fauve à queue noire, variété dérivée du froment : tolérez des camails un peur foncés aux poules ou des coqs aux couleurs trop chaudes et en quelques années vous reviendrez à la couleur froment la plus pure.
Les coloris complexes sont souvent défectueux en exposition. Les wyandottes à liseré en sont souvent un bon exemple: il faut d'abord que chacun des doloris composant le plumage soit de bonne teinte et ensuite ces coloris soient répartis entre eux dans les proportions voulues. Alors, si vous n'êtes ni patient ni opiniâtre, élevez plutôt des volailles unicolores… mais quelle satisfaction d'obtenir un P.H ave un sujet de type, d'allure et de coloris complexes.
L’accumulation des risques, des traquenards, des défauts possibles, énumérés les uns après les autres comme s’il étaient rassemblés sur un seul arrimai cet vraiment repoussante et je crois que j’aurais réussi à écœurer de l’aviculture tout néophyte et à dégoûter des jugements et expositions tout aviculteur confirmé.
Heureusement les éleveurs travaillent, soignent et sélectionnent empiriquement ou scientifiquement depuis des centaines d’années; s’il existe encore beaucoup de défauts, il y a aussi, et au moins autant, d’excellentes qualités. Ces qualités il faut savoir les conserver, les entretenir et même les améliorer; pour cela n’hésitez pas à travailler en consanguinité.
La consanguinité augmente es qualités comme les défauts. Elle n’élimine donc nullement la nécessite d’une sélection sévère mais elle permet d’améliorer sans cesse une souche. Bien entendu i votre souche a piu de défauts que de qualités, inutile de travailler ainsi. Mais si vous remportez régulièrement de belles récompenses. Continuez votre travail de sélection interne en vous gardant bien d’introduire de nouveaux sujets. même de qualité. Bien menée, cette méthode permet de conserver une souche pure pendant une quinzaine d’années sous réserve d'élever chaque saison environ cinq fois plus de poussins que vous n’en garderez pour la reproduction.
Les signes avertisseurs du danger ce trop de consanguinité seront un ralentissement de la ponte, des difficultés d’incubation ou d’éclosion (les difficultés en incubateur ne doivent pas vous alarmer, faites un test avec une bonne poule couveuse, le seul qui soit indiscutable),
la multiplication des déformations anatomiques. A ce moment faites appel à de nouveaux reproducteurs, mais n’oubliez pas que votre travail de sélection sera à reprendre à partir de zéro.
On ne peut faire de sélection sérieuse en n’élevant que quelques poussins chaque année. Pour bien élever une variété il faut disposer au moins d’une dizaine de reproducteurs repartis en deux parquets de 1 coq et 4 poules. Élevez au moins 50 poussins, parmi les dix meilleurs, de niveau P.H., vous choisir les .reproducteurs de relève, ne les exposez qu'à leur premier automne pour tester leur valeur. Les dix suivants, de niveau 10 prix iront en exposition où ils seront mis en vente. La troisième série de dix, de niveau 20 prix seront vendus et les dix suivants mangés. Quant aux dix derniers ils n’auront sans doute pas le temps de grandir car vous les aurez éliminés pendant leur croissance pour quelque défaut trop visible.
Conservez toujours au moins un coq de votre souche en réserve qui vous évitera de faire appel à un sujet étranger en cas d’accident survenu à votre ou à vos reproducteurs. Vous pouvez aussi mettre des sujets de votre souche en pension chez des parents ou des amis. Élever ainsi en parallèle deux groupes d’une même souche permet de temps à autre des échanges qui évitent une trop grande accélération de la consanguinité.
Ne faites appel à des reproducteurs étrangers à votre souche qu’en cas de nécessité absolue et, s’il s’agit d’un coq, ne lui confiez qu’une partie de vos poules.
Avec ces principes et un bon potentiel de départ vous aurez des chances d'obtenir des prix d'Honneur pendant des années.
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